VITILIGO : Thérapeutiques

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Le vitiligo est une dermatose acquise, d'étiologie au moins en partie auto-immune, conduisant à des macules dépourvues de mélanocytes. Sans traitement, l'évolution est imprévisible et le pronostic varie selon chaque patient. La stratégie de traitement doit prendre en compte : l'âge du sujet, sa motivation (souvent proportionnelle à la gêne ressentie), l'ancienneté, la localisation et l'étendue des lésions.
Nous ne détaillerons pas les moyens thérapeutiques utiles tels que l'héliothérapie, la photoprotection des plaques de vitiligo (ou de la peau normale
et vitiligineuse pour éviter d'aggraver le contraste par bronzage), le camouflage cosmétique. Une mention spéciale pour les conseils au patient visant à limiter l'extension du vitiligo par effet Koebner (traumatique) : ces mesures sont valables surtout pour des plaques relativement récentes, par ex. :
- rasage à la lame plutôt qu' électrique chez l'homme
- éviter la friction excessive de la peau lors de la toilette (éviter gant de toilette trop appuyé, gants de crin, brossage ou peignage trop insistant), les ceintures trop serrées etc...
La présente synthèse s'inspire largement de deux excellents articles de méta-analyse cités en référence
(1), (2).
On distingue les traitements médicaux (dermocorticoïdes et photothérapie principalement) et les greffes de peau ou de cellules cutanées obtenues par culture.

A) Traitements médicaux (1):

1) vitiligos localisés : les dermocorticoïdes de classe 2 présentent le meilleur rapport bénéfice thérapeutique / risque :
Ils permettent un Taux de Repigmentation de plus de 75% de la surface des plaques (TR-75%) estimé à environ 56% des patients. Le traitement est arrêté en cas de réponse nulle après 2 ou 3 mois. Les effets indésirables sont les télangiectasies, l'acné induite,
l'hypertrichose. Une surveillance étroite du patient est indispensable pour arrêt thérapeutique en cas de survenue de ces effets. Les dermocorticoïdes de classe 1 (la plus forte) ne sont pas significativement plus efficaces et exposent à plus d'effets indésirables.

 

- Les dermocorticoïdes injectés in situ ne sont pas conseillés : risque d'atrophie (33%), pour un résultat non supérieur.
- Les psoralènes en solution locale + UVA ou exposition solaire sont de maniement difficile et exposent de façon fréquente à des incidents de phototoxicité (érythème, bulles).
2) vitiligos généralisés : la photothérapie par UVB ou PUVA représente la meilleure option, avec un léger avantage pour les UVB, en raison des effets indésirables moindres :
-
La photothérapie nécessite un patient motivé, le traitement dure plusieurs mois (souvent plus d'1 an), doit être réalisé de façon continue; il ou elle doit être informé(e) que la repigmentation totale est rarement obtenue.
Les zones corporelles réputées les moins répondeuses sont les suivantes : dos des mains et des pieds, dos des doigts et orteils, paumes et plantes, mamelons, lèvres, saillies osseuses.
Résultats
(1):
- UVB à spectre étroit (TL01) ,
TR-75% = 63% des patients,
- UVB à large bande, TR-75% = 57% des patients,
- PUVAthérapie, TR-75% = 51% des patients,
Les TR-75% des UVB ne sont pas significativement meilleurs que la PUVA en terme
statistique. Néanmoins, les UVB seraient moins carcinogènes, autorisés chez la femme enceinte et l'enfant de moins de 12 ans.
Les effets indésirables de la PUVA les plus rapportés sont : nausées lié au psoralène (jusqu'à 29%), réactions phototoxiques (25%), majoration inesthétique du contraste zones normopigmentées/vitiligo (10%).
- La
corticothérapie per os en continu, ou en pulses discontinus de 5 semaines, sont relativement peu efficaces en regard des important effets indésirables (faciès "lunaire", gain de poids, effets systémiques...)


Suite : les greffes de peau autologue...


   
   Ci-dessus, avant UVB TL01


   
   Même patient, après 90 séances,
    repigmentation >90% (très bon répondeur)

 

B) Greffes de peau autologue (2):

Le principe est de prélever des cellules en peau normale pour les implanter au coeur de plaques de vitiligo. Il doit s'agir d'un vitiligo non extensif, stable depuis plusieurs mois, localisé (segmentaire). La greffe doit être relayée par une photothérapie pour en optimiser l'efficacité.
 

 

Méthodes :

Commentaires / effets indésirables :

- minigreffes au punch de 1 à 2 mm,

- technique assez rapide, aisée, la plus économique
- cicatrice en zone donneuse (40%)
- aspect "pavimenteux" en zone receveuse

- greffe de bulles de succion épidermiques,

- 87% succès
- hyperpigmentation en zone donneuse (28%)

- greffe de peau mince après dermabrasion,

- 87% succès
- cicatrice en zone donneuse (12%)
- grains de milium, effet de bords épais, perte de greffe (13%)

- transplantation de cellules épidermiques + mélanocytes obtenues par co-culture

- nécessite un laboratoire spécialisé
- technique expérimentale en cours de développement
- 13%, 25% et 51% de succès (3 études : n=15, 4 (
ns) et 15 patients respectivement)

- transplantation de mélanocytes purs obtenus par culture

- nécessite un laboratoire spécialisé
- technique expérimentale en cours de développement
- 17% et 48% de succès (2 études : n=18 et 130 patients respectivement)

 

 

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Références.
(1) Non surgical repigmentation therapies in vitiligo. M.D.Njoo et al., Arch Dermatol. 1998;134:1532-1540.
(2) A systematic review of autologous transplantation methods in vitiligo. M.D.Njoo et al., Arch Dermatol. 1998;134:1543-1549.

Abréviations:
- TR-75% : Taux de Repigmentation de plus de 75% de la surface des plaques.
-
ns : non significatif.

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(C) E.PIERARD
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