TOXIDERMIE MACULO-PAPULEUSE
(maculo-papular drug
eruption, drug reaction)
Ce type d'allergie médicamenteuse
est une des plus fréquentes, avec les éruptions morbilliformes.
Le délai de survenue est en règle de 6 à 12 jours après
l'instauration d'un médicament. En cas de réintroduction par voie
générale (déconseillée !), ce délai peut-être
raccourci.
Vous réalisez une enquète : la mollécule responsable est
retrouvée par l'interrogatoire soigneux et si besoin répété
(compulser les ordonnances récentes, interroger l'entourage familial
au besoin). Ne pas omettre les collutoires, collyres, pommades et gels, les
patchs transdermiques, le banal somnifère ou le simple antalgique...comme
le montrera la suite de notre histoire.
L'imputabilité
du médicament responsable est établi à partir de 2 critères (1):
1- l'imputabilité
extrinsèque
: c'est-à-dire 'cet effet indésirable est-il notoire et répertorié
pour cette molécule ?' il est important de s'aider de sources fiables,
répertoires exhaustifs des toxidermies, comme l'excellent Zürcher
& Krebs (2). De nouveaux effets indésirables
sont publiés régulièrement dans la presse dermatologique
internationale. Le WEB recèle quelques banques de données libres de consultation (3).
2- l'imputabilité
intrinsèque
: c'est à dire 'la chronologie est elle compatible ?' (p.ex: responsabilité
impossible si début du rash avant la prise du médicament...)
Parfois on ne peut conclure, en particulier en cas de polymédication,
ce qui impose l'arrêt de tous les médicaments suspects.
Ce type de toxidermie peut être exploré par des patch-tests épicutanés (4), les autres cas où les tests sont déconseillés sont consignés dans le Tableau A. On les pratique au dos du patient, quelques semaines
après la guérison et l'arrêt d'une corticothérapie.
En pratique les médicaments suspects sont pilés et mixés
dans de la vaseline (30%), un 2ème échantillon est dilué
dans l'eau (30%). La lecture se fait à 48h, 96h et si le résultat
est négatif, après 7 jours. La cotation est la même que
pour la batterie standard européenne. La lecture n'est pas aisée
: le test peut-être irritatif (difficulté d'interprétation)
ou faussement négatif.
Chez notre patient, la toxidermie a guéri sans séquelle au sevrage.
Une courte corticothérapie per os
symptomatique a été prescrite. La mollécule responsable
était un antalgique, le dextropopoxyphène DCI. Le patch test est resté
négatif, mais le seul contact cutané a entrainé au 3ème
jour une récidive a
minima du prurit
et un oedème facial léger (réactivation systémique).
Une liste d'éviction est remise au patient.
Enfin, toute toxidermie doit légalement être déclarée
au centre régional de pharmacovigilance.
Sommaire...
(C) E. PIERARD
http://dermatologie.free.fr
Références:
(1) BEGAUD et coll., Imputabilité des effets inattendus ou toxiques des médicaments. Actualisation de la méthode utilisée en France. Thérapie 1985; 40:111-8.
(2) ZÜRCHER et KREBS, Cutaneous drug reactions. An integral synopsis of today's systemic drugs (2nd ed). Karger, Basel 1992.
(3) http://www.biam2.org/
(4) LACHAPELLE, TENNSTEDT, Les tests épicutanés dans les toxidermies médicamenteuses. in Progrès en dermato-allergologie p.57-66, GERDA Nancy 1998, John Libbey Eurotext ed.
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TABLEAU A
Toxidermies NON susceptibles d'être explorées par des épidermotests, d'après (4)
- Urticaires / oedème de Quincke
- pseudomaladies sériques médicamenteuses
- érythèmes polymorphes médicamenteux
- syndrome de Stevens-Johnson médicamenteux
- syndrome de Lyell
- prurits médicamenteux
- vasculites médicamenteuses
- pemphigus médicamenteux
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