URTICAIRE ADRÉNERGIQUE
(adrenergic urticaria)

Il s’agit ici d’un cas typique cliniquement, avec ses papules érythémateuses fugaces entourées d’un halo blanc de vasoconstriction, et son facteur déclenchant : le stress (1, 2).
La
physiopathologie est liée à l’hyper-réactivité sympathique qui peut-être associée à d’autres signes de dysneurotonie, comme des palpitations dont se plaignait la patiente. L’histamine n’est pas responsable de la papule urticarienne, le halo de vasoconstriction est du à la décharge interne d’adrénaline (3).
Le
diagnostic est évident lors des poussées. En dehors des poussées, il se fait à l’interrogatoire.
Diagnostic différentiel : principalement l’urticaire cholinergique qui est aussi une urticaire physique, reconnaissable par sa papule entourée d’une auréole rouge de vasodilatation, et par son facteur déclenchant (voir Tableau comparatif et cas clinique n°143).
Explorations allergologiques : Il peut être utile de réaliser des tests de provocation intradermiques avec de la noradrénaline et de l’adrénaline (2). Ceux-ci étaient négatifs chez la patiente: ils ne reproduisaient pas la lésion au site d’injection. Par contre elle a déclenché une poussée typique sur le reste du corps. Les prick-tests négatifs n’éliminent pas le diagnostic. Dans l’urticaire cholinergique, on teste rarement les patients avant de les traiter; les tests de provocation ne sont pas non plus toujours positifs. Il faut évoquer le diagnostic d’urticaire adrénergique devant une urticaire cholinergique atypique ne répondant pas aux thérapeutiques classiques.
Le
traitement de l’urticaire adrénergique est original, spécifique: un bêta-bloquant non cardio-sélectif le propranolol DCI, à la dose de ½ comprimé (20 mg) 3 fois par jour, éventuellement augmenté à 40 mg 3 fois par jour. Il faut bien sûr prendre en compte le facteur stress déclenchant. L'instauration de ce traitement nécessite au préalable pour le patient un examen clinique cardio-vasculaire complet, un électrocardiogramme, complété si nécessaire par une échocardiographie à la recherche d’un prolapsus mitral associé.
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Urticaire adrénergique : notez le halo de vasoconstriction entourant chaque papule.

 

(C) B. MAERENS
http://dermatologie.free.fr

 


Diagnostic différentiel urticaire adrénergique / urticaire cholinergique

 

Urticaire adrénergique

Urticaire cholinergique

Lésion élémentaire

petite papule au centre d’un halo blanc de vasoconstriction

petite papule au centre d’un halo érythémateux de vasodilatation

Facteurs déclenchants

stress ++
café, chocolat,
+/- effort minime sans transpiration

élévation de la température interne avec sudation:
effort, chaleur, hypersudation, émotion, stimulus gustatifs épicés et acides

Tests cutanés intradermiques :
* de provocation (0,02 ml)

- noradrénaline diluée à 0,5 x 10-6
- adrénaline diluée à 0,75 x 10
-6

- acétylcholine diluée à 10-4

* d’inhibition
(2 ml sur 5 cm2)

- propranolol DCI (bêta-bloquant) 0,1mg
-
tolazoline DCI (alpha-bloquant) 1mg

- atropine 0,05 mg

Traitement

propranolol DCI (bêta-bloquant)

anticholinergique, hydroxyzine DCI

Possibilité de signes cliniques de dysautonomie

Stimulation sympathique :

Stimulation parasympathique :

- malaise, poussées tensionnelles
- froideur des extrémités, Raynaud
- tachycardie, palpitations, troubles du rythme paroxystique, prolapsus de la valve mitrale
- bouche sèche, striction de gorge
- paresthésies, crampes musculaires
- spasmophilie (signe de Chvostek)
- polypnée
- rhinite vasomotrice

- lipothymie, hypotension
- pâleur
- bradycardie

- sialorrhée, larmoiement, diarrhée
- transpiration, nausées, vomissements

- asthme
- rhinite vasomotrice


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Références:
(
1) Shelley WB, Shelley ED. Adrenergic urticaria: a new form of stress-induced hives. Lancet 1985; 2: 1031-1033.
(
2) Haustein UF. Adrenergic urticaria and adrenergic pruritis. Acta Derm Venereol 1990; 70: 82-84.
(
3) Maerens-Tchokokam B et coll. Guess what!: Eur J Dermatol 1999; 9: 137-8.