Les amyloses cutanées sont caractérisées en histologie par un dépôt extracellulaire
anormal protéïnique, coloré par le rouge Congo. Deux grands groupes sont distingués :
les amyloses secondaires ou systémiques (maladies inflammatoires, myélomes...) et les amyloses cutanées
primitives ou localisées (lichen amyloïde et amylose maculeuse). L'amylose maculeuse apparait comme
une ou plusieurs plaques hyperpigmentées jaunes à brunâtres, mal délimitées,
de surface épaissie, ondulée, parfois réticulée. Elle se situent en regard de saillies
osseuses du tronc (omoplates ++, rachis) ou des membres.
Histologie : le dépôt amyloïde peut être rare en microscopie optique, mieux mis en évidence
en microscopie éléctronique.
Le prurit est le facteur étiologique reconnu, la friction est parfois réalisée avec une brosse
en nylon, un gant de crin, une serviette en coton (1,2). Ce grattage peut résulter de soins d'hygiène excessifs,
ou d'une notalgia paresthetica (notre 1er patient), ou bien encore d'une cause plus banale comme notre
2ème patiente (folliculite dorsale à pityrosporum ovale, guérison après traitement
par un imidazolé local). Sommaire...
Ci-dessous et à droite, homme de 49 ans. Plaque papuleuse hyperpigmentée,
étiologie du prurit : notalgia paresthetica.
Ci-dessous, femme de 32 ans, étiologie du prurit : folliculite dorsale
à pityrosporum ovale.
Neuropathie sensorielle primitive, concernant les 2ème à 6èmes
branches spinales dorsales postérieures. Le patient ressent des picotements, un prurit ou des douleurs d'intensité
variable, le plus souvent de façon unilatérale. La localisation est souvent un point cutané
situé entre le rachis et l'omoplate. L'examen cutané est parfois strictement normal. L'étiologie
est incertaine. Des dérangements intervertébraux mineurs, source de compression, ont été
incriminés (3).
Le traitement symptomatique local est suspensif : application pluriquotidienne de crème à la capsaïcine DCI (effet indésirable
à type de brulûres), de crème anesthésiante EMLA®. Les dermocorticoïdes et
anti-H1 sont décevants. Ont aussi été proposés : amitriptyline DCI, physiothérapie par ultrasons, exceptionnellement bloc anesthésique
paravertébral (4).
Les cas familiaux doivent évoquer un syndrome de Sipple (multiple endocrine neoplasia IIa).
Références: (1) Siragusa M, Ferri R, Cavallari V,
Schepis C. Friction melanosis, friction amyloidosis, macular amyloidosis, towel melanosis: many names for the same
clinical entity. Eur J Dermatol. 2001 Nov-Dec;11(6):545-8 [résumé MEDLINE]. (2) Hashimoto K, Ito K, Kumakiri M, Headington
J. Nylon brush macular amyloidosis. Arch Dermatol. 1987 May;123(5):633-7 [résumé MEDLINE]. (3) Stoebner PE, Boyer L, Meunier L et
coll. Efficacité de l'ultrasonothérapie à visée rachidienne dans le traitement des
notalgies paresthésiques. Ann Dermatol Venereol 2000;127:4S211-2. (4) Misery L. Notalgie
paresthésique in Thérapeutique
dermatologique. Dubertret L, Médecine-sciences Flammarion 2001 : 587.