Cette dermatose bénigne est scindée en 3 tableaux
cliniques distincts mais appartenant au même processus :
- le parapsoriasis aigu varioliforme de Mucha-Habermann (pityriasis lichenoides et varioliformis acuta, PLEVA), cas du jeune patient
n°1.
- le parapsoriasis chronique (pityriasis lichenoides chronica, PLC), le plus fréquent, cas de
notre 2ème patient plus agé.
- le parapsoriasis suraigu ulcéro-nécrotique
hyperthermique, le plus exceptionnel, qui s'accompagne de
signes généraux et viscéraux graves.
Les parapsoriasis peuvent avoir une évolution chronique, avec poussées et rémissions s'étalant
sur quelques semaines à plusieurs années. Les lésions de PLEVA peut coexister avec (ou évoluer
vers) un aspect de PLC.
L'étiopathogénie des parapsoriasis en gouttes (PPG) n'est pas établie de façon certaine.
Deux hypothèses non forcément exclusives sont formulées (1):
- réaction inflammatoire à des allergènes infectieux, à type de vasculite d'hypersensibilité
- processus lymphoprolifératif cutané T de bas grade, modulé et maitrisé par l'immunité
propre du patient (lymphocytes CD8 majoritaires). Cette seconde hypothèse s'appuie sur certaines similitudes
cliniques avec la papulose lymphomatoïde, sur la présence parfois d'un clone lymphocytaire T dominant
et sur de rares observations d'évolution vers un véritable lymphome T épidermotrope (papulose
lymphomatoïde initiale ?). La plupart des PPG reste idiopathique.
Quelques observations cliniques plaident en faveur d'une cause
infectieuse déclenchante :
- infections à streptocoque ou staphylocoque, où la guérison du PPG a pu être obtenue
après traitement d'un foyer bactérien ORL par macrolide ou amygdalectomie (1). En faveur d'une infection bactérienne,
est souvent citée une certaine efficacité de cures prolongées d'antibiotiques (tétracyclines
ou érythromycine). Néanmoins, ces molécules présentent aussi une action "anti-inflammatoire"
intrinsèque aspécifique (inhibition monocytaire / neutrophile) (2).
- plus anecdotiques : primo-infection à parvovirus B19 (3), toxoplasmose évolutive, des associations avec une infection à
VIH (1),
des cas familiaux de PPG simultanés (4), le virus Epstein-Barr (5), adénovirus (6). Diagnostics différentiels :
Psoriasis en gouttes, syphilis secondaire, varicelle, vascularite d'hypersensibllité, pityriasis rosé
de Gibert, piqûres d'insectes, lichen plan.
Principes du traitement (2):
Les PPG guérissent spontanément selon un délai variable. Cela rend difficile l'appréciation
de l'efficacité des traitements, néanmoins des études ouvertes accréditent les antibiotiques
et la photothérapie. L'abstention thérapeutique peut se justifier dans les cas de gravité
ou d'étendue mineures.
- enfant : éradication d'un foyer infectieux ORL, antibiothérapie pendant plusieurs semaines (tétracyclines
contre-indiquées avant 8 ans), héliothérapie, photothérapie UVB. De façon symptomatique
contre le prurit : dermocorticoïdes, anti-histaminiques sédatifs.
- adulte : PUVAthérapie seule ou avec une corticothérapie per
os, photothérapie UVB. En seconde intention : disulone DCI, methotrexate DCI,
ciclosporine
DCI. Sommaire...
Patient n°1 :parapsoriasis aigu
varioliforme de Mucha-Habermann (pityriasis lichenoides
et varioliformis acuta, PLEVA).
A gauche, détail
des lésions d'âge différents.
Ci-dessous, maculo-papule inflammatoire surmontée d'une large vésicule, ombilication et nécrose
centrale.