SCORBUT
(carence en vitamine C, avitaminose C, scurvy, vitamin C defiency of the elderly)

Ces deux patientes agées vivent en maison de retraite où elles sont bien soignées. Néanmoins votre interrogatoire porte sur leurs habitudes alimentaires. Elles ont un apport calorique quotidien suffisant, des plateaux-repas équilibrés leur sont proposés... mais elles écartent et délaissent les fruits et légumes frais, source naturelle de vitamine C. La surcharge pondérale de la première patiente était trompeuse !


Précoces, les lésions purpuriques de la carence en vitamine C ont un tropisme pilaire. Elles peuvent s'accompagner d'une fine hyperkératose pilaire et de poils incurvés ou "en tire-bouchon".
Les lésions de la muqueuses buccales n'étaient pas observées, le diagnostic ayant été fait précocément. Les autres signes cliniques décrits sont : asthénie, oedème inflammatoire et hémorragique des gencives (sauf chez l'édenté), oedèmes distaux et douleurs articulaires des membres, dorsalgies, ecchymoses, retard à la cicatrisation des plaies, hémorragies conjonctivales, douleurs osseuses empêchant la marche chez l'enfant (1,2).

Confirmation du diagnostic : dosage de l'ascorbémie qui est effondrée, indosable chez ces deux patientes (< 3 µmol/litre).

La supplémentation alimentaire en vitamine C sous forme de comprimé effervescent ou par l'ajout d'agrumes frais ont permis de guérir ces patientes en moins de 10 jours.
Au 21ème siècle, le scorbut n'affecte plus le marin au long cours, mais le clinicien doit toujours y repenser chez le sujet alcoolique dénutri et/ou socialement isolé, lors des régimes restrictifs deséquilibrés (3), chez les patients psychiatriques.

Les agrumes : un traitement naturel du scorbut !

 

Sommaire...
 

Patiente n°1 : scorbut. Femme de 75 ans, en surcharge pondérale, lésions symétriques confinées aux jambes.

 

 


Patiente n°2 (détail) : scorbut. Femme de 85 ans, atteinte d'une maladie d'Alzheimer. Ces lésions unilatérales de jambe ont été découvertes
par son infirmière il y a moins de 7 jours. Purpura péri-folliculaire très évocateur, croutes hémorragiques.

 

 


Ci-dessous, dermatoscopie des lésions (Patiente n°2) :
le purpura péri-folliculaire et l'hyperkératose folliculaire apparaissent clairement.

 

 


(C) E. PIERARD
http://dermatologie.free.fr


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Références :
(1) Chartier TK & coll. Palpable Purpura in an Elderly Man. Arch Dermatol. 2003;139:1363-1368.
(2) Michael Weinstein, MD. An Orange a Day Keeps the Doctor Away: Scurvy in the Year 2000. PEDIATRICS Vol. 108 No. 3 September 2001, p. e55.
(3) Sally J Mapp and Paul B Coughlin. Scurvy in an otherwise well young man. MJA 2006; 185 (6): 331-332 [Article entier].