ERYTHEME PIGMENTE FIXE
(fixed eruption, fixed drug eruption, sulfaguanidine DCI)

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L'érythème pigmenté fixe (EPF) est une toxidermie très particulière : elle se reproduit strictement au même endroit sur la peau, pour le patient concerné et pour un médicament précis. Les lésions apparaissent de 30 min à 8 heures après la prise du médicament. Le nombre de plaques est variable selon le patient : une lésion isolée ou bien multiples comme dans notre cas. Les muqueuses peuvent être atteintes également. L'évolution pigmentogène est évocatrice. Les plaques érythémateuses peuvent parfois être vésiculeuses, bulleuses, voire généralisées mimant un syndrome de Lyell (
1). Un placard mimant une hypodermite infectieuse de jambe avec fièvre élevée a été décrit (6).
Notre patient pratiquait l'auto-médication en absorbant au coup-par-coup un antibiotique intestinal (sulfaguanidine DCI GANIDAN ®). Cela explique le caractère récurrent et en apparence imprévisible de sa dermatose. Ce médicament n'est plus commercialisé en France, mais des cas comparables sont encore décrits dans d'autres pays (
2).
De très nombreuses molécules peuvent induire un érythème pigmenté fixe, principalement les antibiotiques, anti-inflammatoires non stéroidiens, barbituriques, paracétamol, aspirine, carbocystéine DCI, plus rarement des additifs alimentaires ou des excipients ( voir
Sélection MEDLINE) (3,4).
La preuve de la responsabilité de la molécule suspectée peut être apportée en réalisant un patch-test : le médicament est dilué dans de l'eau et/ou de la vaseline. La réaction positive (inconstante) ne sera observée que si ce test est fait sur l'emplacement même où a siégé une plaque (
5).
Un test de provocation par réintroduction est possible, prudemment et en commençant à dose faible : notre patient a pris de lui-même un seul comprimé, il a déclenché la même éruption en 6 heures (voir la
similitude topographique en bas de page). Une notice doit être remise au patient pour éviction de la molécule responsable.
Sommaire...

Photo tronc

Ci-dessous : détail d'une lésion de l'avant-bras.
Détail des l'une lésion élémentaire

L'enquête s'oriente en priorité vers un médicament.

 

Photo avant-bras


Test de provocation par réintroduction du médicament :
ci-dessous poussée initiale (janvier),

Photo tronc


Ci-dessous (mars) : récidive dès la 6ème heure aux mêmes endroits après la prise d'un seul comprimé, comparer avec la photo à gauche.

Rechallenge


(C) E. PIERARD
http://dermatologie.free.fr


Références :

(1) Champion RH, Burton JL, Burns DA, et al: Textbook of Dermatology. Boston, Mass: Blackwell; 1998: Chap. 77 Drug reactions.
(2) Kastalli S, El Aidli S, Daghfous R, Trabelsi S, Lakhal M, Loueslati MH, Belkahia C. Fixed drug eruption induced by sulfaguanidine
Ann Dermatol Venereol. 2004 Apr;131(4):382-4. [Résumé MEDLINE]
(3) ZÜRCHER et KREBS, Cutaneous drug reactions. An integral synopsis of today's systemic drugs (2nd ed). Karger, Basel 1992.
(4) Mahboob A, Haroon TS. Drugs causing fixed eruptions: a study of 450 cases. Int J Dermatol. 1998 Nov;37(11):833-8 [Résumé MEDLINE].
(5) LACHAPELLE, TENNSTEDT, Les tests épicutanés dans les toxidermies médicamenteuses. in Progrès en dermato-allergologie p.57-66, GERDA Nancy 1998, John Libbey Eurotext ed.
(6) Prabhu MM, Prabhu S, Mishra P, Palaian S.  Cellulitis-like fixed drug eruption attributed to paracetamol (acetaminophen). Dermatol Online J. 2005 Dec 1;11(3):24 [Article complet].
   




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